Invité récemment à décrire, pour une revue patrimoniale, la haute Vallée du Tech, où niche Prats de Mollo, l’un des meilleurs connaisseurs de cette région plus qu’accidentée, s’exprimait ainsi et tout à fait à juste titre : « entourée d’une ceinture de crêtes élevées, elle s’ouvre de manière relativement aisée aux territoires voisins… exposée au sud, elle n’en conserve pas moins un climat agréable, … le tout procurant, dans un environnement grandiose et peu sauvage, une sensation d’harmonie, de mesure et d’apaisante proximité ».
Mais la nature réserve bien de surprises.. D’où la forte impression laissée dans les mémoires par le drame exceptionnel qui s’est joué sur les hauteurs de Prats de Mollo, le dimanche de Pâques 1977, il y a juste 40 ans, et qui nous est rappelé dans « l’Arbre Mentider »,* sur le témoignage de deux randonneurs qui évoluaient non loin.( et qui s’en tirèrent, eux de justesse), résumé ci-après :.
« . La journée avait commencé avec un temps variable mais propice aux randonnées en montagne … (alors que le temps sur Prats de Mollo, à moins de 8 Km, était resté acceptable et les températures légèrement positives); mais en un quart d’heure, le mauvais temps s’abat sur les randonneurs, le brouillard, la neige et le vent de tempête ; les conditions deviennent dantesques.. or sur les pentes du pic de Bassibes (2637m) un groupe de trois personnes – deux randonneurs très expérimentés et une jeune femme-.. partis le matin du refuge de Mariailles, en Conflent, en direction des abords de l’ermitage de St Guillem de Combret, en Vallespir , pris dans la tempête de neige , se trompe de vallée… ; après plusieurs chutes à cause de la puissance du vent (environ 150 Km/h) ils perdent des vêtements contre le froid en les sortant du sac.. et creusent une tranchée pour s’y abriter ; un des deux randonneurs porte plus bas la jeune femme, qui était déjà en hypothermie, jusqu’à la cabane des « Xicolles », vers 1900m d’altitude, dont il doit défoncer la fenêtre à coups de piolet ; et après avoir vainement tenté de la réanimer, la laisse dans la cabane, et remonte chercher son camarade ; mais le trouvant déjà mort, il l’attache à un piolet, redescend à la cabane et repart en courant en fin d’après-midi au plus près des zones habitées pour appeler des secours; les pompiers ne parviennent que difficilement au refuge des « Estables », alors que le thermomètre extérieur marquait –30°C, puis arrivent à la cabane des Xicolles, où ils trouvent la jeune femme morte, sous une température intérieure de – 25° ; ils la redescendent à Prats, l’autre randonneur n’ayant pu être retrouvé malgré les recherches qui durèrent, toujours sous la tempête, jusqu’après minuit. Ce n’est que le lendemain matin, le beau temps étant revenu, qu’il sera à grand peine découvert sous une épaisse couche de neige. ».
*gazette locale, n°137